Le mardi 30 janvier, une délégation du CNRS composée de Marc Ferrari, astronome au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille et co-directeur de l’IRP CNRS TARPIN, Kumiko Kotera, Directrice de recherche à l’Institut d’Astrophysique de Paris et chercheuse invitée à l’université d’Etat de Pennsylvanie, Sylvette Tourmente, Directrice du bureau du CNRS à Washington D.C. et Erell Gloaguen, chargée de mission pour le bureau du CNRS à Washington D.C. a visité le Space Telescope Science Institute (Baltimore, Maryland) et le Goddard Space Flight Center (Greenbelt, Maryland) de la NASA.
Le CNRS était accompagné de délégations du Centre national d’études spatiales (CNES), de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA), du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et de l’Ambassadeur de France aux États-Unis Laurent Bili ainsi que de la conseillère scientifique Mireille Guyader. L’objectif de ces visites : échanger ensemble sur le futur des collaborations entre les organismes de recherche français et la NASA pour les prochaines grandes missions de l’agence fédérale américaine.
Pour célébrer la coopération spatiale franco-américaine, le Bureau du CNES à Washington D.C. a organisé le mardi 30 janvier la « Space Galette », une réception conviviale annuelle réunissant les communautés spatiales américaine et française autour du partage d’une galette des rois. Le directeur général délégué du CNES et le directeur adjoint de l’Europe et de l’International se sont déplacés depuis la France pour participer aux festivités, très prisées par la communauté spatiale, et rencontrer leurs partenaires américains. Cette soirée était complétée par deux séquences scientifiques en début de journée : des visites organisées au Space Telescope Science Institute (STScI) et au Goddard Space Flight Center (GSFC) dans le Maryland, deux centres de la NASA (le premier, plus communautaire, étant géré pour l’agence par l’Association des universités pour la recherche en astronomie – AURA).
Pour cette édition 2024, des représentations du CNRS, de l’ONERA et du CEA ont traversé l’Atlantique pour participer aux réunions de travail aux côtés du CNES. L’objectif était de présenter au STScI et au GSFC l’étendue du savoir-faire français dans le domaine de la recherche spatiale. La présence de cette délégation multi-organismes était un jalon significatif dans l’histoire de la collaboration spatiale bilatérale et a permis de renforcer la cohésion des organismes de recherche au sein d’une « Team France », partageant une vision commune d’une éventuelle participation française aux futures missions spatiales de la NASA.
Des échanges instructifs au Space Telescope Science Institute (STScI)
Le CNRS s’est rendu en premier lieu au Space Telescope Science Institute (STScI), prestigieux institut de recherche basé à Baltimore, dans le Maryland. Rattaché à l’université Johns Hopkins, l’institut gère ses missions au nom de la NASA et de l’Association des universités pour la recherche en astronomie, et dans l’intérêt du public. Ses activités comprennent les opérations scientifiques, la distribution de données, le développement de systèmes au sol, la vulgarisation et le conseil à la NASA sur des questions d’astrophysique spatiale optique et ultraviolette. Le STScI gère et dirige les opérations scientifiques du télescope spatial Hubble (HST), du télescope spatial James Webb (JWST) et du futur télescope spatial Nancy Grace Roman. Le CNRS est le premier partenaire international du STScI, toutes disciplines confondues.
Durant sa visite de l’institut, le CNRS a eu l’opportunité d’écouter des présentations scientifiques instructives aux thématiques variées, relatives par exemple à l’importance des Decadal Survey[1] pour la préparation des missions d’exploration spatiales ; à l’historique des programmes phares d’astrophysique de la NASA, notamment le télescope James Webb, et à l’importance historique des collaborations internationales au sein de ces programmes ; aux plans de l’agence pour son futur télescope spatial dédié à l’exploration et la recherche de signes de vie sur des exoplanètes[2] ; ou encore aux spécificités liées aux fonctionnements des systèmes de financements américain et européen. Le CNRS a notamment participé activement aux discussions concernant l’intérêt des organismes de recherche français à participer aux futurs programmes phares de la NASA : en mettant en avant leur historique de coopération avec l’agence et leur contribution à des programmes antérieurs, le CNRS, le CNES, le CEA et l’ONERA ont démontré leur crédibilité et leur valeur en tant que partenaires potentiels, de manière bilatérale ou via l’Agence spatiale européenne, pour de futurs programmes.
Cette rencontre de haut niveau a permis de mettre en valeur l’International Research Project TARPIN (Trans-Atlantic Research Program for Imaging New-worlds) du CNRS, hébergé au STScI et qui souhaite se positionner sur les futures missions de la NASA. Piloté en France par Marc Ferrari et aux Etats-Unis par Rémi Soummer, Docteur et directeur du laboratoire d’optique Russell B. Makidon au STScI, ce programme vise à concevoir un nouveau type de miroir déformable bas-ordres, segmenté et hors-axe, permettant de simuler les miroirs primaires des futurs grands télescopes spatiaux. Cette collaboration franco-américaine, active depuis 10 ans, contribue diligemment aux développements technologiques indispensables à la préparation des futures missions spatiales dédiées à la détection et caractérisation d’exoplanètes, tant aux niveaux composants que systèmes et algorithmes.
A la découverte du Goddard Space Flight Center (GSFC)
En seconde partie de journée, les différentes délégations ont cette fois-ci embarqué pour le Goddard Space Flight Center (GSFC), localisé à Greenbelt dans le Maryland.
Le centre Goddard a été créé le 1er mai 1959 en tant que premier complexe de vols spatiaux de la NASA. Ses installations diverses sont essentielles à la réalisation des missions d’exploration spatiale et de découverte scientifique de la NASA : le centre est un laboratoire majeur pour le développement et l’exploitation d’engins spatiaux scientifiques sans équipage, menant des recherches scientifiques pour accroître la connaissance de la Terre, du système solaire et de l’univers grâce à des observations depuis l’espace. Il supervise les opérations de nombreuses missions de la NASA et de missions internationales, dont le télescope spatial James Webb (JWST) et le télescope spatial Hubble (HST). En plus de gérer les communications entre le centre de contrôle de la mission et les astronautes en orbite à bord de la Station spatiale internationale, Goddard est impliqué dans une gamme diversifiée d’activités scientifiques et d’ingénierie. Dans le cadre de ses missions, le GSFC vise à établir de solides partenariats avec des institutions internationales, avec le CNRS comme premier partenaire en termes de co-publications (toutes disciplines confondues).
La visite a offert à la délégation française la possibilité de découvrir la gamme étendue d’activités du centre et quelques-unes de ses installations. L’écran Hyperwall de la NASA, un mur vidéo permettant de visualiser des images et des données haute définition provenant de satellites dédiés à l’observation de la Terre, a diffusé des travaux de recherche de pointe sur les exoplanètes et sur l’astrobiologie, couvrant des sujets tels que les modèles de gravité et les changements de masse gravitationnelle, ainsi que l’eau et l’énergie dans l’atmosphère. De plus, il a présenté en détail différentes missions d’exploration scientifiques, passées ou à venir, telles que la mission Dragonfly qui prévoit de visiter Titan, le plus grand satellite naturel de Saturne, en 2028.
Pour clôturer la visite, la délégation française a eu l’opportunité d’observer la salle blanche où est intégré le télescope Nancy Grace Roman. Ce télescope spatial, dont le lancement est prévu pour 2026 ou 2027, capturera des images d’une zone du ciel jusqu’à cent fois plus grande que celle observée par le télescope Hubble, avec une sensibilité équivalente.
[1] Recommandations de l’Académie des Sciences, avec contributions de la communauté scientifique, définissant les priorités scientifiques pour la décennie et un plan de mission à développer pour les atteindre.
[2] Des planètes hors du système solaire et en orbite autour d’autres étoiles